Le Premier ministre réaffirme sa volonté de réduire les charges des PME
17 juin 200947% des dirigeants réclament un allègement fiscal
22 juin 2009La rémunération des apporteurs de capitaux est un sujet qui fait débat. Nicolas Sarkozy, dans son intervention du 5 février dernier, proposait un partage des profits en trois tiers : un pour les salariés, un pour les actionnaires, le dernier servant à investir. La question posée est celle de la juste rémunération de l’investissement réalisé dans une entreprise. Si l’on se focalise sur le seul cas des apporteurs de capitaux (banquiers ou actionnaires) il ne faut pas oublier une règle fondamentale de la finance : la rémunération attendue est fonction du risque que le préteur estime prendre.
La garantie des banques
Ainsi, lorsque le banquier fait un prêt pour financer un investissement et qu’il peut, en plus, prendre une garantie sur le bien financé, le taux d’intérêt proposé est faible. Lorsqu’il finance un découvert, il n’a pas de biens clairement identifiés vers lesquels se retourner. Le taux d’intérêt pratiqué est alors bien supérieur. Dans les deux cas, ce taux tient compte du risque de non-remboursement afin que les marges réalisées permettent de couvrir les pertes qui y sont associées. Ces pertes ne peuvent pas dépasser 5 à 8 % sans mettre en danger son équilibre financier. Les banques qui ne respectent pas cette règle peuvent se retrouver en difficulté et leurs déposants avec. Quand on sait qu’une entreprise sur deux nouvellement créée aura disparu d’ici cinq ans, on comprend assez bien qu’une banque ne peut être la première source de financement d’un créateur d’entreprise. Le risque est trop fort, notamment en raison des ressources utilisées que sont nos dépôts.
En cas de difficulté, les fonds personnels sont souvent perdus
Cette prise de risque ne peut être assumée que par des apporteurs de fonds propres : actionnaires individuels, business angel, capital-risqueurs ou fonds d’investissement. Tout d’abord parce qu’ils investissent leurs fonds personnels. Cependant ils ne peuvent prendre la moindre garantie. Ils ne pourront récupérer leur argent que s’ils peuvent revendre leurs actions ou s’ils récupèrent des fonds après la liquidation de l’entreprise, ce qui n’arrive quasiment jamais. Les acteurs concernés n’accepteront une telle situation que s’ils estiment que la rémunération de leur engagement correspond à ce risque élevé. Selon les situations, cette rémunération prendra la forme de dividendes et/ou de plus values réalisées et il n’est pas évident d’évaluer un niveau « raisonnable » en la matière. Mais si les investisseurs potentiels anticipaient des restrictions, il y a à craindre qu’ils se détournent des entreprises françaises, que les délocalisations se poursuivent et que le chômage continue à progresser comme l’a souligné le conseil d’analyse économique le 8 juin dernier.
Eric Lamarque, professeur de Stratégie bancaire à l’Université de Bordeaux-IV, membre du Cercle de l’entreprise et associé de Secor conseil.