C. Orphelin : «Nous ne guettons pas la sortie des tribunaux»
17 août 2009178 000 auto-entrepreneurs depuis janvier
24 août 2009Existe-t-il un niveau d’endettement optimal ? Qu’est-ce qu’une politique financière équilibrée ?
Ces deux questions reviennent à réfléchir au rapport dettes/fonds propres dans une entreprise. Il n’existe pas de «norme». La réponse à cette question dépend d’une série de caractéristiques fondamentales de l’entreprise qui sont souvent des critères d’octroi de financement pour le banquier.
On peut en citer quatre catégories :
– L’attitude du chef d’entreprise vis-à-vis de la dette : le recours à une banque n’est pas forcément la solution privilégiée par l’entrepreneur. L’autofinancement, donc les fonds propres, constitue la première source de financement alors que le recours à la dette pourrait améliorer la rentabilité financière de l’entreprise. Cette relative aversion pour la dette s’explique bien souvent par la nécessité de dévoiler une série d’informations à un ou plusieurs banquiers pour obtenir ce financement. De plus, le fait de rentrer dans une relation de dépendance rebute encore les dirigeants.
– La nature de l’activité : dans une activité à forte intensité capitalistique, où les investissements physiques sont importants, on constate une proportion significative de dettes, souvent supérieure aux fonds propres. La raison vient de la possibilité pour le banquier de prendre des garanties sur les matériels achetés, et ainsi de moins s’attacher aux bénéfices. À l’inverse, dans les activités de service, la proportion de dette est faible car ces garanties sont inexistantes, et seuls les bénéfices pourront assurer le remboursement de la dette.
– La capacité bénéficiaire : les banquiers exigent une bonne visibilité sur les recettes et les dépenses de l’entreprise. Ainsi plus celle-ci multiplie les bilans positifs, plus le recours à la dette est envisageable. Dans les entreprises récentes ou en création, avec une faible lisibilité des bénéfices futurs, les fonds propres constituent la source de financement principale.
– La confiance inspirée par le dirigeant : pour obtenir des financements, la capacité managériale et l’expérience du dirigeant sont aujourd’hui des critères tout aussi fondamentaux que les données financières. Plus le banquier aura confiance, plus le dirigeant pourra accéder à de la dette.
Il est difficile de combiner ces critères pour fixer une norme d’endettement par type d’entreprise.
On peut simplement dire qu’un bon équilibre financier de l’entreprise peut se décrire de la manière suivante : un excédent brut d’exploitation suffisant pour payer les intérêts de la dette ; payer un dividende satisfaisant pour l’actionnaire ; et assurer une partie significative de l’autofinancement de l’entreprise. Si l’un de ces trois piliers vacille, alors la pérennité n’est plus totalement assurée.
Eric Lamarque, professeur de Stratégie bancaire à l’Université de Bordeaux-IV, membre du Cercle de l’entreprise et associé de Secor conseil.